Un voyage inoubliable à travers le sud de l’Afrique
De l’Orange River aux fleurs sauvages du Namaqualand
Si je devais ne retenir qu’un seul voyage, un seul itinéraire qui a laissé en moi une empreinte indélébile, ce serait celui-ci : une boucle sauvage et contrastée, entre le nord-ouest de l’Afrique du Sud, le sud de la Namibie, et les côtes fleuries de la West Coast.
Tout a commencé par un grondement assourdi, celui des chutes d’Augrabies. En cette saison, elles n’étaient ni puissantes ni spectaculaires, mais elles avaient ce charme brut, presque lunaire. Puis, comme souvent en voyage, la magie s’est glissée là où on ne l’attendait pas : à Riemvasmaak, nichées au creux des rochers brûlants. Deux bassins naturels, remplis d’une eau chaude aux reflets d’émeraude, nous attendaient. Nous étions seuls. Pas un bruit, si ce n’est celui du vent dans les falaises. Suspendus dans le temps.
La route nous a ensuite conduits vers un lieu que j’aimerais tant redécouvrir : le Kgalagadi Transfrontier Park. Ici, les frontières s’effacent – la Namibie, le Botswana et l’Afrique du Sud se rejoignent dans un désert ocre et infini. Les nuits y sont piquetées d’étoiles, et les journées, rythmées par les rencontres sauvages. Ce jour-là, ce furent des guépards. Majestueux, furtifs, presque irréels.
Puis vint la Namibie. À partir de Mata-Mata, le désert du Kalahari s’étire à perte de vue. Les dunes, d’un rouge profond, ondulent comme une mer figée. La poussière, le silence, et cette lumière si particulière… chaque instant semblait arraché à une autre planète.
Plus loin, l’un des géants de la nature nous attendait : le Fish River Canyon, deuxième plus grand canyon du monde. Ce n’est pas seulement sa taille qui impressionne, mais cette sensation de vertige, de fin du monde. Nous avons dormi à la lisière, dans un lodge suspendu au bord du vide : le Fish River Lodge. La vue y est à couper le souffle. Le matin, la brume s’accroche aux falaises. Le soir, le ciel prend feu.
Nous avons ensuite suivi le fil de l’Orange River, frontière naturelle entre la Namibie et l’Afrique du Sud. Une rivière paisible, parfaite pour quelques jours de kayak – même si, cette fois, le niveau de l’eau ne nous l’a pas permis. Je me suis promis d’y revenir en octobre ou novembre, quand les conditions sont idéales pour pagayer au fil des méandres, guidé par les rires des enfants des villages voisins.
Et puis, comme une apothéose florale, est venue la West Coast. C’était la saison des Wild Flowers, ce moment suspendu entre août et septembre où les terres arides se parent de couleurs éclatantes. Des champs entiers tapissés de jaune, d’orange, de violet. Et parmi ces fleurs, des springboks broutant paisiblement, comme dans une peinture vivante.
Nous avons exploré le Namaqualand, pris le temps de flâner dans les villages côtiers, entre deux dégustations de poissons frais au Muishondskerm, un restaurant unique en bord de mer. Ici, pas de carte. On partage le menu du jour, les pieds dans le sable, avec le parfum du feu de bois et des embruns. Les femmes du village cuisinent avec générosité, et les conversations se mêlent au clapotis des vagues. Un moment simple, mais profondément joyeux.
En remontant vers Clanwilliam, les montagnes et les vallées se sont succédé, toujours plus spectaculaires, toujours plus vastes. Et puis, lentement, nous avons repris la route vers Johannesburg. Long trajet, certes, mais parfait pour laisser les souvenirs infuser. Pour digérer la beauté, les rencontres, l’émerveillement.
Ce voyage restera gravé. Il incarne tout ce que j’aime transmettre : l’Afrique australe dans sa splendeur brute, intime, sauvage. Un territoire à explorer sans hâte, avec le cœur grand ouvert.